Ce samedi 17 février 2024, la Commission citoyenne du folklore s’est réunie pour poursuivre sa réflexion au sujet des personnages du diable de la Barque des Pêcheurs napolitains et du diable Magnon, qui participent aux festivités de la Ducasse d’Ath.

 

Concernant le personnage du diable de la Barque des Pêcheurs napolitains, la Commission a pris connaissance de la proposition du groupe de travail constitué de représentants de la Barque des Pêcheurs napolitains et d’une série d’experts externes. L’intention des participants a été de renforcer la cohérence de l’identité du personnage, tout en conservant sa source. Il a semblé préférable de faire évoluer le personnage en l’enrichissant, notamment au niveau de ses costume et grimage traditionnels. Les participants ont cependant porté une attention permanente à l’objectif initial, à savoir « affirmer et générer la dimension fantastique du diable, en veillant à ne pas heurter d’autres communautés, tout particulièrement les populations afro-descendantes ».

 

Les membres du groupe de travail ont écrit l’histoire de la Barque des Pêcheurs napolitains. Dans ce récit, ils ont veillé à mettre en avant les valeurs de leur groupe, tout spécialement l’esprit d’indépendance, la quête de liberté et la solidarité. Ils ont également eu à cœur de mettre en exergue l’ambivalence du personnage du diable, qui, tout à la fois, peut inspirer la crainte par son attitude, mais aussi devenir un allié et un porte-bonheur pour les Pêcheurs napolitains et la population athoise. Le caractère fantastique et non-humain du diable est bien entendu au cœur de la narration. L’histoire, même si elle laisse des zones d’ombre, permet au lecteur ou au spectateur de laisser libre court à son imagination ; elle donne également des pistes de compréhension quant à la représentation du personnage.

Diable 2
Magnon

La réflexion autour de l’apparence du diable et de l’évolution de son costume traditionnel s’est articulée autour de deux grands principes :

  • l’affirmation de ses aspects fantastiques, tout spécialement diaboliques ;
  • la volonté d’augmenter le caractère prestigieux du personnage, divinité remarquable ou du moins, personnalité de haut rang.

Il en ressort les caractéristiques suivantes :

  • Les cornes sur le front Dans toutes les fêtes traditionnelles, tant en Europe qu’en Amérique latine, cet attribut permet l’identification du démon. Les cornes seront placées, au niveau du front, sur le bandeau qui soutient la coiffe de plumes. Les cornes seront dorées, afin de créer un effet brillant et d’être fortement visibles.
  • Un grimage bicolore, noir et rouge La base du grimage restera le noir, pour s’inscrire dans la forme traditionnelle du personnage, mais la partie supérieure du visage sera rouge. La bichromie rouge/noir est renforcée par l’intégration d’un réseau de lignes rouges sur l’ensemble du vêtement du personnage, qui renforce son aspect surnaturel.
  • Différentes parures dorées et prestigieuses Massue avec des parties dorées, bracelets et brassards ornés, plastron. Un soin particulier est apporté aux bijoux du visage (nez et oreilles) qui prennent une forme stylisée (carré sur la pointe) et un rendu soigné (incrustations) pour éviter toute confusion avec l’anneau de l’esclave.
  • L’utilisation des plumes Une attention particulière est portée à la mise en œuvre des plumes sur le pagne et sur la coiffe. Des plumes colorées (oranges, rouges, blanches) seront ajoutées afin d’accentuer la magnificence du personnage.
  • La suppression des chaînes Après réflexion, le groupe de travail a choisi de supprimer les chaînes reliées aux poignets du diable, afin de poser un geste symbolique de libération du personnage.

 

La proposition du groupe de travail a été soumise à UNIA, le centre interfédéral pour l’égalité des chances. Un avis positif a été remis soulignant que : « il n’y a plus d’objection majeure avec cette proposition dans la mesure où le personnage paraît dans cette forme plus clairement ressortir de l’imaginaire fantastique (cornes, couleurs du visage et du vêtement qui forment un tout). Le risque d’association au stéréotype du « blackface » nous semble dès lors diminué ». UNIA a cependant précisé quelques points d’attention : « la nécessité de maintenir cette identité de démon fantastique à travers tout le processus, notamment dans l’étape du grimage et dans le comportement du personnage ; les cornes jaunes doivent par exemple être suffisamment grandes. L’anneau de nez carré doit garder sa forme improbable. Il faut éviter à tout prix que les plumes ressemblent à une parure amérindienne ».

 

Dans ce contexte, la Commission citoyenne du folklore a approuvé à une très large majorité la proposition du groupe de travail au sujet du personnage du diable de la Barque des Pêcheurs napolitains. Des points de vigilance ont été soulevés, notamment la nécessité de porter une attention particulière à la communication des résultats obtenus par la commission (notamment  l’histoire du personnage). Les membres seront également particulièrement attentifs au respect de la représentation du personnage.

 

La commission a également marqué son accord au sujet du diable Magnon, dont le grimage est devenu de couleur rouge. Cette couleur sera accentuée sur certains éléments de son costume lors de l’édition 2024 de la Ducasse d’Ath.

 

Comme le prévoit l’article 5 de son règlement d’ordre intérieur, la Commission citoyenne du folklore remettra donc son avis définitif au Conseil communal. Lors d’une prochaine séance, il reviendra à ce dernier de statuer sur la proposition des nouvelles représentations du diable de la Barque des Pêcheurs napolitains et du diable Magnon.

 

Les avancées de la Commission citoyenne du folklore laissent entrevoir une résolution de la problématique du blackface à laquelle était confronté le folklore athois depuis 2019.